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People Management & HR Strategy
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Created on
January 2, 2026
• Updated on
January 2, 2026
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Incivilités au travail : agir sans banaliser

incivilités au travail

Les incivilités au travail se manifestent par des comportements apparemment anodins (interruption intempestive, absence de salutations, remarques désobligeantes, désordre dans les espaces communs…), mais qui fragilisent en profondeur le climat professionnel. Ces micro-agressions, qu’elles soient intentionnelles ou non, nourrissent un sentiment de manque de respect, d’exclusion ou de dévalorisation chez ceux qui en sont victimes. À force de répétition, elles s’installent comme une pression invisible, altérant la motivation, la confiance en soi et le bien-être psychologique.

Si ces comportements touchent particulièrement les métiers en contact direct avec le public (hôtesses de caisse, soignants, agents d’accueil, etc.), ils s’observent aussi entre collègues au sein des collectifs de travail. Le phénomène n’est donc ni marginal ni réservé à certains secteurs : il concerne l’ensemble du monde du travail et constitue un véritable enjeu de santé mentale et de performance.

Découvrez comment identifier les incivilités au travail, mesurer leurs impacts et mettre en place des solutions pour les prévenir, y répondre et renforcer la cohésion au sein des équipes.

Incivilités : des comportements à ne pas minimiser

L’incivilité au travail désigne l’ensemble des comportements qui transgressent les règles élémentaires du savoir-vivre collectif : respect, courtoisie, écoute, collaboration. Elle ne se limite pas aux conflits ouverts ou aux violences spectaculaires, mais s’exprime par des attitudes plus discrètes, parfois involontaires, qui perturbent la qualité des relations professionnelles.  

Les incivilités peuvent provenir de différentes sources :

  • Entre collègues, dans le cadre du collectif de travail (ex. : dévalorisation d’un collaborateur, appropriation d’un succès commun, remarques désobligeantes).
  • Entre managers et collaborateurs, lorsque le style de management est perçu comme brusque, autoritaire ou irrespectueux.
  • De la part de clients ou d’usagers, notamment dans les métiers d’accueil, de soin ou de service, où les salariés sont en première ligne face à des comportements agressifs, insultants ou discriminatoires.

Quels sont les actes considérés comme des incivilités ?

Les incivilités au travail prennent des formes multiples, allant du simple manque de politesse à des comportements plus toxiques qui affectent durablement la dynamique collective. Elles peuvent sembler anodines lorsqu’elles surviennent de manière isolée, mais leur répétition installe un climat pesant.

Voici quelques exemples concrets, observés dans les environnements professionnels :

  • Manque de courtoisie : ne pas dire bonjour ou au revoir, ignorer un collègue, couper la parole.
  • Comportements irrespectueux en réunion : consulter son téléphone, envoyer des messages, bâiller ostensiblement ou arriver en retard sans s’excuser.
  • Commentaires déplacés : remarques désobligeantes, critiques non constructives, humour blessant ou sarcastique.
  • Atteinte à la reconnaissance : s’attribuer le mérite d’un travail collectif, refuser de valoriser les contributions des autres, exclure un collègue d’un projet ou d’un événement d’équipe.
  • Dégradation de l’environnement commun : laisser les espaces partagés en désordre, ne pas respecter les règles d’organisation.
  • Attitudes toxiques : provocations, isolement volontaire d’un collègue, bouderie, regards méprisants, comportements défensifs ou agressifs.

Pourquoi ces gestes, souvent invisibles, sont si délétères

Contrairement à un conflit ouvert, l’incivilité agit de manière insidieuse. Parce qu’elle est subtile, elle peut sembler difficile à dénoncer et être minimisée par l’entourage.  

Pourtant, ces micro-agressions activent le cerveau émotionnel de la victime, générant stress, malaise et sentiment d’exclusion. Elles remettent en cause des besoins psychologiques fondamentaux : être respecté, reconnu et intégré dans le collectif.

Un phénomène sous-estimé aux répercussions profondes

Les incivilités au travail ne sont pas de simples désagréments passagers. Elles figurent parmi les principaux facteurs de dégradation de la santé mentale au travail.  

Selon une enquête Ifop réalisée en février 2025, 62 % des salariés estiment que les incivilités, tensions au travail ou conflits ont un impact négatif sur leur bien-être psychologique.

À savoir : 1 Français sur 3 a déjà vécu ou été témoin de violences verbales sur le lieu de travail.

Des effets individuels : stress, anxiété, isolement

Les incivilités, même mineures, déclenchent des réactions émotionnelles qui perturbent le bien-être psychologique des salariés. Ignorance volontaire, propos désobligeants, coupures de parole… ces gestes répétés créent un climat d’insécurité et affectent l’équilibre mental. Stress chronique, anxiété, troubles du sommeil et isolement en sont les premiers symptômes.

Avec le temps, ces micro-agressions fragilisent l’estime de soi et peuvent mener à des troubles psychosociaux plus graves : dépression, burn-out, voire consommation accrue de substances pour « tenir » face à la pression.  

Un climat de travail dégradé pour toute l’équipe

Les incivilités ne touchent pas uniquement la personne ciblée : elles contaminent l’ensemble du collectif. Une équipe où règnent les comportements irrespectueux développe un climat relationnel dégradé, marqué par la méfiance et la perte de cohésion. Les tensions s’accumulent, la communication devient plus difficile, et la motivation collective recule.

Pour l’entreprise, les conséquences sont tangibles : hausse de l’absentéisme, multiplication des arrêts maladie, baisse de productivité et risques juridiques accrus au regard de l’obligation légale de préserver la santé physique et mentale des salariés.

Distinguer incivilité, harcèlement et conflit ouvert

Toutes les tensions au travail ne relèvent pas du même registre. L’incivilité correspond à un manquement aux règles de respect et de politesse : interruption intempestive, remarques désobligeantes, manque de reconnaissance. Elle peut être ponctuelle et non intentionnelle.

Le harcèlement, au contraire, implique une répétition d’actes hostiles avec une volonté de nuire et des conséquences graves sur la santé de la victime.

Le conflit ouvert, quant à lui, suppose un désaccord explicite entre deux parties, exprimé parfois de manière vive, mais pouvant être régulé par le dialogue.

L’incivilité est donc une zone grise : elle ne constitue pas toujours du harcèlement au travail, mais en est souvent la porte d’entrée, car sa banalisation prépare le terrain à des violences plus lourdes.

Pourquoi les incivilités persistent dans les organisations

Malgré leur impact reconnu, les incivilités continuent de prospérer dans de nombreux environnements professionnels. Plusieurs facteurs l’expliquent :

  • Culture du silence : les victimes n’osent pas signaler ces comportements, jugés trop mineurs pour « faire des vagues ».
  • Manque de régulation managériale : lorsque les managers n’interviennent pas, les comportements irrespectueux s’installent et deviennent tolérés.
  • Individualisme croissant : dans des contextes où la performance individuelle est valorisée, la coopération et le respect collectif passent au second plan.
  • Pression hiérarchique : dans les organisations verticales, certains comportements autoritaires ou dévalorisants sont intégrés comme « normaux » et rarement remis en question.

Le rôle du non-dit et du tabou dans leur banalisation

Le poids du non-dit renforce la persistance des incivilités. Beaucoup de collaborateurs préfèrent se taire par peur d’être perçus comme faibles, ou parce qu’ils pensent que ces attitudes font « partie du travail ». Ce tabou empêche toute régulation, favorise la normalisation des comportements irrespectueux et entretient un cercle vicieux : plus les incivilités sont tolérées, plus elles s’ancrent dans la culture de l’organisation.

Pour en sortir, il est essentiel de mettre des mots sur ces situations et d’instaurer un cadre clair, où chacun sait reconnaître une incivilité et dispose de moyens sûrs pour la signaler.

Comment agir efficacement face aux incivilités ?

Être la cible d’une incivilité, qu’elle vienne d’un collègue, d’un manager ou d’un client, est toujours déstabilisant. Dans le cas d’un client agressif, par exemple, il est essentiel de se rappeler que la personne exprime avant tout sa frustration envers l’organisation, et non contre soi personnellement. Prendre ce recul permet d’éviter de tomber dans l’escalade émotionnelle.

Une autre clé est de distinguer ce que l’on contrôle (sa propre réaction, son calme, sa posture) de ce qui échappe à notre maîtrise (l’émotion ou la colère de l’autre). Cette capacité à lâcher prise, renforcée par des pratiques comme la pleine conscience, aide à préserver sa stabilité émotionnelle.

Enfin, il est crucial de ne pas rester seul face à ces situations. Partager l’expérience avec son manager, ses collègues ou un dispositif d’écoute permet de briser le silence et d’obtenir un soutien concret.

Encourager l’assertivité sans confrontation

Face aux incivilités, il ne s’agit pas de répondre par l’agressivité, mais d’adopter une posture assertive. Cela consiste à s’exprimer clairement, poser ses limites et protéger son estime de soi, tout en maintenant un climat respectueux.

Quelques pratiques utiles :

  • Valoriser son travail : rendre visible ses réussites permet de nourrir la reconnaissance et de limiter la dévalorisation implicite.
  • Solliciter et donner du feedback : les retours constructifs clarifient les attentes et désamorcent les malentendus.
  • Accueillir la critique avec équilibre : rester calme, poser des questions pour comprendre, reconnaître ses erreurs le cas échéant, sans se sentir remis en cause personnellement.
  • Tenir le cadre en situation tendue : reformuler sans surenchère, recentrer l’échange sur l’essentiel, et savoir se taire pour éviter l’escalade.

Développer cette compétence permet de réagir fermement aux incivilités sans alimenter la spirale des tensions.

Le rôle du management dans la régulation du climat relationnel

Les managers sont en première ligne pour maintenir un climat relationnel sain. Leur rôle est triple :

  • Prévenir, en diffusant une culture de respect mutuel et en formant les équipes à la communication constructive.
  • Écouter et intervenir, en régulant rapidement les comportements déplacés, avant qu’ils ne s’installent.
  • Jouer les médiateurs, en cas de tensions persistantes, pour rétablir un dialogue équilibré entre les parties.

Un management bienveillant et formé à la gestion des incivilités contribue directement à réduire le stress collectif et à renforcer l’engagement des équipes.

Mettre en place des protocoles clairs de signalement

Au-delà des réactions individuelles, l’entreprise peut se doter de procédures solides : référents dédiés, cellules d’écoute, protocoles de signalement accessibles et protégés. Ces dispositifs permettent de recueillir la parole des salariés et d’agir rapidement.

La prévention doit aussi s’inscrire dans la durée : formations régulières, ateliers de sensibilisation, communication interne sur les comportements attendus, mais aussi intégration de la lutte contre les incivilités dans la politique de qualité de vie au travail (QVCT) et de prévention des risques psychosociaux.

Intégrer la prévention des incivilités dans la culture d’entreprise

La lutte contre les incivilités ne peut pas reposer uniquement sur des réactions ponctuelles : elle doit être inscrite au cœur de la culture organisationnelle. Cela implique de poser un cadre clair, soutenu par la direction et partagé par l’ensemble des collaborateurs. L’entreprise s’engage ainsi à valoriser le respect, la reconnaissance mutuelle et l’inclusion, au même titre que la performance ou l’innovation.

Des rituels et espaces de régulation relationnelle

Pour éviter que les tensions ne s’accumulent et ne dégénèrent en incivilités, il est essentiel d’aménager des temps collectifs dédiés à la régulation. Cela peut prendre la forme de réunions d’équipe orientées sur le climat relationnel, d’ateliers de feedback constructif ou encore de rituels de cohésion favorisant l’expression de chacun.

Ces espaces offrent une double fonction : renforcer la confiance au sein des équipes et donner aux collaborateurs un lieu sûr pour exprimer leurs difficultés. Ainsi, les tensions mineures peuvent être traitées avant qu’elles ne deviennent sources de mal-être.

La communication non violente comme socle commun

Enfin, instaurer une culture de communication non violente constitue un levier pour réduire les incivilités. Elle repose sur l’écoute active, l’expression claire des besoins, la reconnaissance des émotions et la recherche de solutions mutuellement satisfaisantes.

Former les managers et les équipes à ces pratiques favorise la transparence, réduit les malentendus et installe un climat où chacun se sent respecté.  

À lire aussi : tout ce qu’il faut savoir sur le leadership féminin ainsi que sur le sexisme au travail.  

Comment teale accompagne la prévention des incivilités

Chez teale, nous savons que les incivilités constituent un véritable risque psychosocial. Pour y répondre, nous proposons une solution de bien-être au travail complète :

  • Programmes d’accompagnement émotionnel : grâce à notre application, chaque collaborateur peut suivre son indice de santé mentale, accéder à des contenus personnalisés (vidéos, podcasts, articles) et bénéficier de séances individuelles avec un psychologue.  
  • Formations en communication interpersonnelle : nous organisons des ateliers et conférences pour former les managers et les équipes à la communication non violente, à l’assertivité et à la gestion du conflit au travail.  
  • Outils de signalement confidentiel : teale met à disposition des dispositifs sécurisés permettant aux collaborateurs de signaler une incivilité sans crainte de représailles. Les RH et les managers disposent ainsi d’indicateurs fiables pour agir rapidement et efficacement.
  • Soutien psychologique et affichages internes : au-delà du digital, nous accompagnons les entreprises avec des kits de communication, des affichages de sensibilisation et des campagnes internes, afin de rappeler que la civilité est l’affaire de tous et que chacun a un rôle à jouer pour préserver un climat sain.

FAQ

La première étape est de rester calme et de ne pas répondre par l’agressivité. Exprimez vos limites de manière assertive, en utilisant le « je » plutôt que l’accusation. Si nécessaire, proposez d’en reparler à froid. L’objectif est de désamorcer la tension sans alimenter l’escalade.

Oui. Même si elle n’est pas toujours assimilée à du harcèlement, l’incivilité constitue une faute professionnelle. Selon sa gravité et sa répétition, elle peut donner lieu à un avertissement, une sanction disciplinaire, voire un licenciement.

Si le manager adopte un comportement irrespectueux, il est important d’en parler à un autre interlocuteur de confiance : RH, référent QVCT ou cellule d’écoute. L’entreprise a l’obligation légale de protéger la santé mentale de ses salariés, quel que soit l’auteur de l’incivilité.

Il n’existe pas de loi spécifique sur les incivilités, mais le Code du travail impose à l’employeur de garantir la santé physique et mentale de ses collaborateurs (article L. 4121-1). Ainsi, la prévention et la gestion des incivilités s’inscrivent pleinement dans les obligations de sécurité de l’entreprise.