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Baromètre de la Santé Mentale des Salariés

Bilan 2024 et leviers d'actions 2025

Santé Mentale
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Créé le
November 7, 2025
• Mis à jour le
November 7, 2025
8
min

Isolement au travail : comment l’identifier et le prévenir durablement

salarié isolé

L’isolement social en France est une réalité que l’on ne peut pas nier : selon une étude ifop menée en 2024, 17 % des Français souffrent de solitude chronique (VS 13 % en 2018), et cela touche d’autant plus les jeunes (40 %) et les télétravailleurs (28 %).

Le développement du travail hybride est en effet l’une des causes de la montée de l’isolement social. Quels sont les enjeux derrière cet affaiblissement du lien social au travail ? Comment l’isolement impacte-t-il la santé mentale ? Quelles répercussions peut-il avoir sur les entreprises ? Et surtout, comment agir pour renverser cette tendance et lutter contre l’isolement au travail ? Autant de questions indispensables dans le contexte actuel, auxquelles nous allons nous adresser dans les lignes qui suivent.

Décrypter l’isolement au travail : une réalité plurielle

L’isolement au travail peut prendre une multitude de formes, ce qui peut le rendre d’autant plus difficile à détecter et à gérer. On distingue 3 grands types d’isolement :

  • L’isolement physique, lorsque le salarié est séparé de ses collègues sur le plan géographique ou spatial. Exemple : un collaborateur en télétravail total, qui n’a pas d’interactions physiques avec les autres membres de l’équipe et qui échange uniquement via e-mails, téléphone et visioconférence.
  • L’isolement émotionnel et psychologique, lorsque le salarié se sent seul même quand il est entouré. Cela peut provenir d’un manque de soutien et de reconnaissance, d’un manque d’interactions au sein de l’équipe, de relations toxiques, etc. Exemple : un collaborateur est ignoré par le reste de son équipe, il n’est pas invité aux pause-café ou aux déjeuners collectifs.
  • L’isolement organisationnel, lorsque le mode de fonctionnement interne à l’entreprise, son secteur d’activité ou sa culture d’entreprise empêche les interactions régulières, limite la coopération et/ou l’accès à l’information. Exemple : travail en horaires décalés avec rotation des équipes (ex. : secteur médical, gardiennage), qui empêche les rencontres et la cohésion à l’échelle globale du service.

Identifier les signaux faibles de l’isolement professionnel

Généralement, une personne qui est isolée socialement risque d’avoir des difficultés à interagir avec ses collègues, à se mettre volontairement en retrait, à éviter les moments de convivialité, à montrer une baisse de motivation au travail, voire à exprimer une fatigue émotionnelle.

Au niveau de l’équipe, voire de l’entreprise, d’autres données et comportements sont à surveiller pour détecter l’isolement au travail. Une baisse de participation aux événements organisés, une augmentation de l’absentéisme, une productivité en déclin ou encore un surinvestissement au travail font partie des signes qui doivent alerter pour en comprendre les causes.  

Mais il ne suffit pas d’avoir une connaissance théorique de ces signes révélateurs : managers et RH doivent être formés sur le sujet pour pouvoir bien les identifier et savoir comment réagir. Il est essentiel qu’ils adoptent une posture d’écoute et de bienveillance, en posant des questions ouvertes, en favorisant le dialogue et en créant un climat de confiance qui permette au salarié de s’exprimer sans crainte de jugement. Pour détecter les signaux faibles de l’isolement professionnel, il faut effectivement associer l’observation au quotidien à une communication transparente avec son équipe.

Isolement et solitude : comprendre les impacts psychologiques

Si l’on se réfère au modèle PERMA qui s’intéresse au bien-être psychologique, on comprend à quel point les relations entre individus sont importantes pour notre équilibre, que ce soit dans la sphère professionnelle ou privée. Les relations positives sont en effet intimement liées aux émotions positives, à l’engagement, au sens et à l’accomplissement, les 4 autres piliers du modèle PERMA qui participent au bien-être individuel.

On sait aussi, grâce à une étude de la Harvard Medical School qui a duré plusieurs décennies, que :

  • le fait d’entretenir des liens forts avec sa famille, ses amis, sa communauté, permet d’être plus heureux, d’être en meilleure santé physique et de vivre plus longtemps ;
  • la qualité des relations est bien plus importante que la quantité : il est préférable d’avoir une poignée de personnes avec qui on a des relations positives et profondes, plutôt que d’être très entouré si cela est synonyme de relations superficielles, voire conflictuelles, qui pourraient même être plus néfastes que la solitude (la mauvaise qualité des relations sociales est d’ailleurs l’une des 6 grandes familles de facteurs de risques associés aux RPS) ;
  • les relations positives, basées sur le soutien et le sentiment de sécurité, bénéficient à la santé mentale et aux capacités cognitives, en agissant par exemple sur la qualité de la mémoire.

Au contraire, l’isolement chronique peut avoir une multitude d’effets néfastes sur la santé physique et mentale. La solitude prolongée crée un sentiment d’exclusion qui nourrit le stress et l’inquiétude, car l’individu se sent mis à l’écart, il se retrouve seul face à lui-même sans bénéficier du soutien d’autrui dont il pourrait avoir besoin. Cette coupure sociale empêche également de recevoir des retours positifs ou des marques de reconnaissance, ce qui fragilise l’estime de soi.

En situation professionnelle, cela peut se traduire par une anxiété chronique au travail, une perte de confiance qui fait douter de ses propres compétences, une démotivation au travail, pouvant même aller jusqu’au brown-out. L’isolement professionnel est donc incontestablement l’un des facteurs de dégradation de la santé mentale au travail, qui mérite que l’on s’y attarde pour instaurer des mesures efficaces.

Manager face à l’isolement : comment agir concrètement ?

Les managers de proximité jouent un rôle clé pour lutter contre l’isolement au travail. Ils doivent non seulement sensibiliser et communiquer sur le sujet, mais aussi montrer l’exemple et adopter une posture propice au développement et au renforcement du lien dans leur équipe.

Créer un climat propice aux échanges authentiques

Pour prévenir l’isolement, le manager doit instaurer des espaces d’échanges réguliers et conviviaux. Cela passe par des temps informels (cafés d’équipe, déjeuners partagés ou discussions virtuelles) qui encouragent la spontanéité et permettent de sortir du cadre strictement professionnel.

Le fait de ritualiser ces moments collectifs, même en télétravail, permet à chacun de se sentir inclus, entendu et reconnu, au-delà des échanges purement opérationnels.  

Repenser l’organisation des échanges et des rythmes de travail

Une organisation claire et équilibrée des temps de travail est essentielle pour limiter le sentiment d’isolement. Le manager doit structurer les réunions pour qu’elles soient utiles, interactives et non chronophages.  

Intégrer des points d’équipe réguliers, des moments de respiration et des temps d’écoute active permet de donner la parole à chacun et de détecter les signaux faibles. Cette approche favorise une dynamique collective où chaque collaborateur se sent partie prenante des décisions et des projets.

S’appuyer sur les outils RH de suivi et de climat social

Les dispositifs RH constituent également un soutien précieux pour repérer l’isolement avant qu’il ne s’installe. Baromètres anonymes, sondages flashs ou questionnaires de satisfaction offrent une vision objective du climat et des ressentis des équipes.  

Afin que les collaborateurs aient envie de répondent et qu’ils s’expriment en toute honnêteté, il faut que ces feedbacks soient recueillis de manière anonyme et que les enquêtes soient suffisamment attractives (questionnaire peu chronophage, questions faciles à comprendre, visuel attractif, etc.).

En analysant ensuite ces données, le manager peut anticiper une situation de repli et décider d’actions correctives adaptées.

Côté salarié : comment se prémunir du sentiment d’isolement ?

Même si l’isolement est parfois imposé par les spécificités du poste de travail ou le mode de fonctionnement de l’organisation, les collaborateurs restent acteurs dans la construction et le renforcement du lien. Voici quelques clés et bonnes pratiques pour prévenir l’isolement et la solitude au travail.

Oser parler de sa solitude ou de son mal-être

Malgré ce que l’on pourrait penser au premier abord, s’exprimer et oser parler de ses difficultés ne constitue pas une faiblesse. Selon la chercheuse en sciences humaines et sociales Brené Brown, cette vulnérabilité est une forme de courage, qui participe à renforcer les relations : en se montrant authentique et vulnérable, on pose les bases d’une relation saine et profonde.

Dans le contexte professionnel et de manière pratique, cela peut implique de :  

  • partager ses émotions au lieu de toujours afficher un « tout va bien », par exemple en admettant être un peu stressé en ce moment ou se sentir un peu plus seul que d’habitude ;
  • exprimer ses besoins avec sincérité et sans crainte (ex. : « J’aimerais qu’on se voie plus souvent, ça me ferait du bien ») ;
  • accepter de ne pas être parfait, en riant de ses maladresses, en reconnaissant ses propres limites ;
  • accueillir aussi la vulnérabilité de l’autre, sans jugement.

Pour vous entraîner à mettre ces conseils en pratique, testez l’exercice suivant : dans une prochaine conversation avec un ami ou collègue de confiance, osez dire une phrase qui révèle un ressenti réel (ex. : « Je me suis senti nerveux avant cette réunion », « Ça m’a touché quand tu as pensé à moi »).

S’impliquer dans la vie de l’équipe et du collectif

Prévenir l’isolement passe aussi par une démarche personnelle d’ouverture, qui demandera plus ou moins d’efforts selon la personnalité de chacun (timidité VS assurance en société, caractère introverti VS caractère expansif, etc.) et ses impératifs professionnels (charge de travail à l’instant T, télétravail total ou partiel, déplacements réguliers, etc.).

Concrètement, il s’agit de prendre part aux projets transverses, de rejoindre des communautés internes selon ses propres centres d’intérêts (club d’entreprise, réseau métiers, etc.) et de participer aux activités informelles, qu’elles soient physiques ou à distance. Vous pouvez même avoir une posture proactive pour développer la convivialité dans votre équipe, en étant à l’initiative de sorties entre collègues par exemple.  

Prévention globale : faire du lien social un pilier culturel

Travailler sur les liens sociaux dans l’entreprise doit s’inscrire sur le long terme, dans une démarche plus globale pour la santé mentale des travailleurs, où la relation humaine a toute sa place. Ce lien entre les individus est en effet l’une des clés du bonheur au travail, qui impactera positivement l’engagement collaborateur et leur épanouissement, mais aussi l’attractivité en tant qu’employeur, la rétention des talents et les performances.

Voici quelques idées de mesures et d’outils qui accompagneront cette démarche en faveur d’un renforcement des liens sociaux dans votre organisation.

Exemples d’initiatives impactantes en entreprise

Une multitude de solutions numériques sont aujourd’hui à la disposition des entreprises pour favoriser les interactions positives. Il est par exemple envisageable de mettre en place un réseau social d’entreprise, c’est-à-dire une plateforme d’échange à laquelle tous les collaborateurs ont accès pour communiquer en interne, collaborer facilement entre équipes et services et créer du lien même à distance.

Il existe également des applications de cohésion d’équipe, qui mêlent des challenges sportifs, des actions écoresponsables, des défis photos, des messageries, etc., pour développer le lien autour d’activités et de thématiques extra-professionnelles.

D’autres types d’initiatives ont également été pensées un peu partout en France pour développer les relations sociales. Citons l’exemple de l’espace « Comme à La Maison » à Boulogne-Billancourt, qui s’adresse aux employeurs dans les métiers de services, et surtout à leurs salariés qui travaillent souvent seuls et/ou en horaires décalés ou discontinus : un espace de 300 m² leur est dédié pour favoriser les rencontres et les échanges, avec des espaces à vivre, des prestataires bien-être, un accompagnement personnalisé, etc.

L’accompagnement teale pour restaurer le lien social

Un autre outil précieux pour remettre les rapports sociaux au cœur de votre culture d’entreprise, c’est la solution bien-être au travail développée par teale. À destination des RH, du management et collaborateurs, elle offre des solutions pour prendre soin de la santé mentale au travail de manière générale, mais peut aussi être axée plus précisément sur le renforcement des interactions et des connexions entre les individus.

Cela passe notamment par l’établissement de diagnostics, afin de déterminer l’état actuel des relations et du climat social dans l’entreprise, mais aussi par des contenus personnalisés accessibles librement, des ateliers de groupe et du coaching collectif ou individuel.

Ces solutions ont vocation à accompagner toutes les strates de l’entreprise dans la construction d’un lien social sincère et durable, en remettant l’humain au cœur des priorités.

Conclusion : prévenir l’isolement, une responsabilité collective

Dans la vie professionnelle comme dans la société, la construction et la pérennisation des liens sociaux est l’affaire de tous. Chaque acteur a un rôle déterminant à jouer :  

  • les RH conçoivent les politiques et les dispositifs (formation, baromètres sociaux, programmes QVT) qui créent un cadre favorable et agissent au niveau organisationnel ;  
  • les managers incarnent la proximité au quotidien, en repérant les signaux faibles et en encourageant les échanges ;  
  • les salariés eux-mêmes contribuent en participant activement à la vie d’équipe, en s’impliquant dans les projets collectifs et en restant attentifs aux comportements et ressentis d’autrui.

Dans un monde du travail marqué par le travail à distance, la digitalisation et des équipes souvent dispersées, valoriser la connexion humaine devient un facteur clé de bien-être et de performance. Entretenir le lien social, c’est non seulement prévenir l’isolement et ses effets sur la santé mentale, mais aussi renforcer la confiance, l’engagement et la créativité collective.

FAQ

Mettre des mots sur le ressenti lors d’un échange 1:1 avec son manager ou RH. Demander un rythme de rituels (check-in, points d’équipe) et des temps informels. Rejoindre un projet transverse / une communauté interne pour recréer du lien. En cas de mal-être persistant : consulter la médecine du travail ou un soutien psychologique.

Manager de proximité (premier relais) et RH. CSE / représentants du personnel, référent harcèlement s’il y a des signaux de risques. Service de santé au travail (médecin, infirmier, psychologue du travail). Programme d’aide aux employés (s’il existe) ou médecin traitant.

Oui. L’isolement, lorsqu’il affecte la santé mentale (stress, anxiété, démotivation…), relève des risques psychosociaux. L’employeur doit évaluer et prévenir ces risques (DUERP, plan d’action), et adapter l’organisation si nécessaire (information, formation, dispositifs d’écoute, aménagements).

Rituels cadencés : meeting quotidien court, café virtuel hebdo, météo émotionnelle. Cadre clair : objectifs SMART, règles de communication, plages de disponibilité. Moments sociaux structurés : random coffee, ateliers thématiques, déjeuners à distance. Suivi du climat : baromètres anonymes réguliers et actions correctives partagées.