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Baromètre de la Santé Mentale des Étudiants

Une étude inédite en France

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Créé le
September 30, 2025
• Mis à jour le
September 30, 2025
8
min

Un étudiant sur trois envisage d’arrêter ses études pour des raisons de santé mentale

santé mentale des étudiants

En 2025, la santé mentale a été désignée Grande Cause Nationale. A cette occasion teale et l’IÉSEG révèlent les résultats du premier baromètre national sur la santé mentale des étudiants réalisé par Ipsos bva. Les résultats dressent un constat grave : moins d’un étudiant sur deux se considère en bonne santé mentale (45 %), trois sur cinq présentent une suspicion de détresse psychologique (60 %) et 38 % envisagent d’arrêter leurs études en raison de leur mal-être. 

Réalisée auprès de 2 000 étudiants en France, cette étude révèle l’ampleur d’une crise silencieuse. Elle appelle les établissements, les pouvoirs publics et la société dans son ensemble à agir sans attendre pour éviter qu’une génération entière ne soit fragilisée.

Stress permanent, troubles du sommeil, isolement, violences, éco-anxiété : les étudiants cumulent aujourd’hui des fragilités qui mettent en péril leur réussite académique et leur avenir professionnel.

Chiffres clés à retenir :

  • En France, moins d’un étudiant sur deux (45 %) estime être en bonne santé mentale ;
  • 3 étudiants sur 5 présentent une suspicion de souffrance psychologique (60 %, vs 36 % dans l’ensemble de la population française)
  • Près de deux tiers (63 %) des étudiants affirment que leurs difficultés de santé mentale sont pour partie liées à leurs études ;
  • 6 étudiants sur 10 (57 %) considèrent que leurs problèmes de santé mentale sont un frein pour suivre le rythme de leurs études ;
  • Plus d’un tiers (38 %) des étudiants envisagent d’arrêter leurs études en raison de problèmes psychologiques ;
  • Plus de deux étudiants sur cinq (43 %) ont subi au moins un type de violence au cours de leurs études ;
  • Plus d’un tiers (34 %) des étudiants ont le sentiment que personne ne cherche à les aider ;
  • Près de six étudiants sur dix affirment qu’en cas de souffrance psychologique ils se tourneraient vers un psychiatre/psychologue (60 %) ou un outil d’IA (58 %).

Une accumulation de symptômes préoccupants :

(Sur l’état actuel des étudiants par rapport à leur état habituel)

  • 56 % se sont sentis constamment plus tendus ou stressés ;
  • 52 % ont plus mal dormi à cause de leurs soucis ;
  • 47 % ont plus le sentiment de ne pas pouvoir surmonter leurs difficultés ;
  • 46 % se disent plus malheureux ou déprimés ;
  • 42 % déclarent avoir perdu plus confiance en eux ;
  • 33 % vont jusqu’à se considérer plus que d’ordinaire comme « quelqu’un qui ne vaut rien ».

Cette dynamique peut enclencher un cercle vicieux : plus les obstacles s’accumulent, plus le mal-être s’installe, et plus l’étudiant s’éloigne de ses objectifs. À terme, certains finissent par remettre en question le sens même de leur parcours. Conséquence, 38 % des étudiants disent aujourd’hui avoir le sentiment que leurs études ne mènent à rien ou envisagent de les arrêter.

Julia Néel Biz, cofondatrice et CEO de teale : « Ce baromètre révèle une réalité glaçante : la santé mentale n’est plus un sujet périphérique, elle conditionne directement la réussite et l’avenir de nos étudiants. Leur offrir un soutien adapté est un impératif collectif, pas un supplément optionnel. »
Armelle Dujardin-Vorilhon, Directrice des Etudes et de l'Expérience Étudiante de l’IÉSEG  : « La performance académique ne peut se construire sur le mal-être. Les établissements doivent prendre leur part de responsabilité en intégrant pleinement la santé mentale à leurs politiques éducatives et sociales. »

La situation est alarmante

Le baromètre ne laisse place à aucune ambiguïté : la santé mentale des étudiants est dans un état critique. Moins d’un sur deux (45 %) se dit en bonne santé mentale, et le test clinique du GHQ-12 révèle que 60 % présentent des signes de détresse psychologique, un taux largement supérieur à celui de la population générale (36 % *Etude Ipsos Fondation Axa - avril 2024). Stress constant, troubles du sommeil, perte de confiance en soi ou sentiment de ne « rien valoir » : les symptômes décrits traduisent une fragilisation profonde et durable. Ces signaux ne relèvent pas d’un malaise passager mais d’une véritable crise structurelle qui menace la réussite académique et l’avenir d’une génération.

Un étudiant sur trois songe à abandonner

Le mal-être ne reste pas cantonné à la sphère intime, il pèse directement sur la capacité à poursuivre les études. 57 % des étudiants déclarent avoir du mal à tenir le rythme des cours et 52 % peinent à se concentrer. Conséquence directe : 38 % envisagent de tout arrêter pour des raisons de santé mentale, avec un pic de 47 % dans les filières Lettres, arts et sciences humaines. Ces chiffres révèlent un risque de décrochage massif qui ne se résume pas à des parcours individuels interrompus : il annonce un déficit de compétences pour la société, un vivier de talents amoindri et une perte sèche pour l’économie nationale.

Première année : une vulnérabilité accrue

L’entrée dans l’enseignement supérieur apparaît comme un moment charnière particulièrement délicat. Les étudiants de première année sont plus exposés aux violences : 33 % déclarent avoir subi des violences psychologiques et 28 % du harcèlement scolaire, contre respectivement 28 % et 23 % en moyenne. Leur sentiment d’isolement est également renforcé : 57 % se sentent seuls et 42 % estiment que personne ne cherche à les aider. Ce cumul de fragilités dès l’entrée dans le supérieur souligne l’importance d’un accompagnement renforcé au moment de cette transition décisive.

Les étudiantes, premières victimes du mal-être

Le baromètre confirme une réalité déjà documentée mais trop souvent ignorée : la santé mentale des étudiantes est bien plus fragilisée que celle de leurs homologues masculins. Seules 37 % d’entre elles estiment être en bonne santé mentale, contre 53 % des hommes. Cette vulnérabilité accrue se double d’une exposition massive aux violences : 30 % des étudiantes déclarent avoir subi plusieurs formes de violences (psychologiques, harcèlement, violences sexuelles), un cumul qui alourdit durablement leur charge mentale. Les étudiantes cumulent donc une double peine — fragilité psychologique et violences subies — qui appelle une réponse ciblée des établissements et des pouvoirs publics. Ignorer cette dimension genrée, c’est condamner une partie de la jeunesse à affronter seule un fardeau disproportionné.

Des disparités fortes selon les filières

La santé mentale des étudiants n’est pas homogène : certaines filières apparaissent particulièrement vulnérables. Les étudiants en Lettres, arts et sciences humaines sont les plus fragilisés : seuls 34 % se disent en bonne santé mentale, et 67 % présentent une suspicion de détresse psychologique. À l’inverse, les filières perçues comme plus professionnalisantes affichent des résultats sensiblement meilleurs : 54 % des élèves d’écoles d’ingénieurs estiment être en bonne santé mentale, et jusqu’à 65 % en hôtellerie-tourisme-loisirs. Ces écarts traduisent l’impact de la charge de travail, des perspectives d’emploi ou encore du rapport aux débouchés. Ils soulignent l’urgence de mettre en place des dispositifs de prévention différenciés, adaptés aux spécificités pédagogiques et aux réalités socio-professionnelles de chaque cursus.

Des causes multiples et entremêlées

La détérioration de la santé mentale étudiante est le produit d’une accumulation de pressions. Les études elles-mêmes sont en première ligne : 68 % redoutent leur avenir professionnel, 64 % les examens, 60 % les résultats. À cela s’ajoutent des contraintes financières lourdes (60 % citent leur situation économique comme un facteur d’anxiété), un climat sociétal anxiogène où l’éco-anxiété touche 36 % d’entre eux, et leur consommation d’écrans, mentionnée par 38 % des étudiants. Ces causes ne s’additionnent pas simplement : elles s’entrelacent et nourrissent une charge mentale qui déborde du cadre universitaire pour envahir toutes les dimensions de la vie des étudiants.

Des violences encore trop présentes

Le baromètre révèle une réalité inquiétante : 43 % des étudiants ont subi au moins une forme de violence au cours de leur scolarité dans le supérieur. Qu’il s’agisse de violences psychologiques, de harcèlement scolaire, de bizutage ou même de violences sexuelles, ces comportements minent directement l’équilibre psychologique des jeunes. Derrière ces chiffres, c’est l’image d’un environnement éducatif qui reste traversé par des pratiques délétères, encore trop banalisées.

Un isolement préoccupant

Au-delà des symptômes et des causes, le baromètre met en lumière un sentiment d’isolement massif. Plus d’un tiers des étudiants (34 %) considèrent que personne ne cherche à les aider, et 55 % n’auraient pas recours aux dispositifs proposés par leur établissement en cas de problème psychologique. Le tabou persiste, entretenu par la peur du jugement et le manque de visibilité des solutions existantes. Cette solitude nourrit le mal-être, le rend plus difficile à verbaliser et retarde la recherche d’aide. Le paradoxe est frappant : alors même que 64 % des étudiants savent que leurs établissements proposent des mesures de soutien, la moitié des étudiants ne saurait pas vers qui se tourner (54 %). Ce fossé entre l’offre et la demande traduit une crise de confiance qu’il est urgent de combler.

Recommandations et leviers d’action

La santé mentale des étudiants est devenue un enjeu de société. Ce baromètre rappelle qu’il y a urgence à agir pour prévenir le décrochage académique, réduire les inégalités et protéger le potentiel d’une génération entière.

Au-delà du constat, le baromètre propose des pistes concrètes. Pour les établissements, il s’agit de faire de la santé mentale une priorité stratégique, de former leurs personnels, de rendre visibles et accessibles les dispositifs, d’alléger la charge académique et d’instaurer une tolérance zéro face aux violences. 

Pour les pouvoirs publics, la prévention doit être intégrée dès le secondaire et la transition vers l’enseignement supérieur mieux accompagnée, notamment en première année, période où les étudiants sont particulièrement vulnérables. 

Enfin, le fait que 58% des étudiants recourent ou ont l’intention de recourir aux outils d’IA en cas de problème de santé mentale illustre une attente forte de réponses rapides et anonymes, mais souligne aussi l’urgence de renforcer l’accès aux professionnels qualifiés et de redonner confiance dans les dispositifs existants.

Il reste à passer à l’action — et à ne plus laisser les étudiants seuls face à leur mal-être.

Méthodologie 

Le présent Baromètre repose sur une enquête menée par l’institut Ipsos pour teale et l’IÉSEG School of Management, auprès de 2 000 étudiants constituant un échantillon national représentatif de la population étudiante vivant en France âgée de 18 ans et plus.

Outre des questions déclaratives, ce questionnaire intègre un indicateur clinique de santé mentale reconnu : le GHQ-12 (General Health Questionnaire). Ce questionnaire auto-administré comporte 12 questions visant à évaluer l’état mental d’une personne au cours des semaines passées. 

Le GHQ-12 mesure quantitativement le niveau de souffrance psychologique, de souffrance psychique ou de « mal-être » des individus. Il est utilisé pour détecter les signes de détresse psychologique et les troubles psychiques mineurs dans la population. Il couvre quatre domaines : la dépression, l’anxiété, le retentissement social et les plaintes somatiques.

Les étudiantes et étudiants interrogés proviennent ainsi de zones géographiques variées, possèdent un niveau académique allant de Bac +1 à Bac +6 ou plus, et sont inscrits dans différents types d’établissements (écoles privées, universités, CPGE, etc.) et filières (sciences et technologies, commerce et management, sciences sociales, etc.).

Cette étude a été réalisée selon la méthode des quotas, laquelle a été appliquée au genre, à l’âge, à la région et au type de cursus suivi. Elle s’appuie sur des données collectées via un questionnaire auto-administré et anonyme, administré en ligne du 20 juin au 17 juillet 2025.