La Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT, ex-QVT) va bien au-delà du simple « bien-être au travail ». Il s’agit d’une démarche documentée, qui recouvre l’organisation du travail, les relations professionnelles, l’équilibre vie privée/vie pro, la prévention des risques et le développement des compétences.
Plus qu’un cadre théorique, elle est devenue un levier stratégique pour les entreprises. En menant des actions QVT concrètes au quotidien, elles peuvent transformer réellement l’expérience des collaborateurs, favoriser leur engagement, réduire le turnover, etc. Voyons plus en détail comment procéder pour mettre en place une politique QVT efficace et quelles sont les actions envisageables.
Pourquoi mettre en place des actions QVT ?
Selon des statistiques publiées par Ipsos en 2024, 54 % des personnes interrogées estiment que la QVCT est prioritaire, et 34 % la jugent comme importante. La démarche QVCT est donc une attente majeure des collaborateurs, qui peut contribuer à leur bien-être, ainsi qu’aux performances globales de l’entreprise.
D’ailleurs, 75 % des salariés estiment que lorsqu’une action QVT est mise en place, leur qualité de vie et leurs conditions de travail s’améliorent (source : Baromètre annuel 2024 de l’Observatoire de la Qualité de Vie au Travail).
Concrètement, ce type de démarche procure plusieurs avantages aux salariés et à l’entreprise :
- Engagement et fidélisation, qui influent positivement sur le turnover et le taux d’absentéisme ;
- Amélioration de la santé physique et mentale des salariés, un aspect primordial quand on sait que 72 % des salariés interrogés par l’Observatoire de la Qualité de Vie au Travail ressentent du stress au travail, voire un épuisement professionnel, et que 69 % souffrent de problèmes physiques ;
- Amélioration de l’attractivité de l’employeur, en répondant aux attentes actuelles des candidats sur le marché du travail.
Ces avantages ont par ailleurs un impact direct sur les performances et les finances de l’entreprise : réduction des coûts RH, meilleure productivité, attraction des talents, etc. Pour plus de détails sur le sujet, consultez notre article sur les liens entre QVT et performance.
Les 6 piliers de la QVT en entreprise
Pour bien comprendre ce qu’est la QVCT, et la différencier de la notion de bien-être au travail, revenons sur les 6 piliers de la QVCT établis par l’ANACT :
- L’organisation, le contenu et la réalisation du travail : offrir des conditions adéquates pour que les salariés puissent fournir un travail de qualité, tout en préservant leur équilibre entre vie personnelle et professionnelle ;
- Le management et le sens donné au travail : apporter l’écoute et le soutien nécessaires aux équipes et s’assurer de la cohérence entre les valeurs des salariés et celles de l’entreprise ;
- L’égalité au travail : réduire, voire supprimer, les inégalités au travail et fournir le même accès à la QVCT à tous les collaborateurs ;
- Le dialogue social et professionnel : intégrer tous les membres de l’entreprise aux décisions sur les conditions de travail et encourager les échanges sur le sujet ;
- Les compétences et le parcours professionnel : permettre aux salariés de gagner en compétences, d’évoluer dans l’entreprise et d’avoir une vision sur leur avenir professionnel ;
- La santé au travail et la prévention : réduire les risques professionnels à la source, et s’assurer que toutes les mesures sont mises en place pour améliorer la santé physique et mentale des collaborateurs.
Comment établir un plan d’action QVT efficace ?
Pour être efficace, la démarche QVT doit être structurée. Tout commence par un diagnostic initial, afin d’identifier les forces et les points de vigilance au sein de l’organisation. Pour cela, on peut se baser sur des documents existants (ex. DUERP), mais aussi mener des enquêtes pour recueillir des retours de collaborateurs (ex. : questionnaire QVT).
Vient ensuite l’analyse des besoins des collaborateurs, qui doit être menée avec transparence et écoute. La co-construction du plan, associant dirigeants, managers et salariés, garantit l’adhésion et la pertinence des actions.
Une fois les pistes définies, il convient de les prioriser pour se concentrer sur les leviers les plus impactants, avant de passer à la mise en œuvre opérationnelle. Sans oublier de mener une évaluation régulière, pour ajuster et améliorer le dispositif.
Pour piloter l’ensemble, la présence d’un coordinateur ou responsable QVT (souvent rattaché aux ressources humaines) est indispensable afin d’assurer suivi, cohérence et efficacité.
Top 10 des actions QVT à mettre en place
Pour vous accompagner dans la mise en œuvre concrète de votre démarche QVT, nous avons répertorié 10 actions-clés pour améliorer la qualité et les conditions de travail.
1. Créer un environnement de travail ergonomique
Dans l’optique de prévenir les RPS et d’améliorer la santé physique et la santé mentale au travail, l’agencement des espaces de travail et l’ambiance qui y règne jouent un rôle important.
Par exemple, un bureau ergonomique pourra éviter les troubles musculosquelettiques, un éclairage naturel et une réduction des nuisances sonores réduiront la fatigue, des espaces chaleureux favoriseront la convivialité, etc.
2. Mettre en place un télétravail encadré et bien accompagné
Le télétravail fait également partie des outils QVT à votre disposition, car il permet d’offrir aux salariés une plus grande flexibilité, de réduire les trajets parfois longs et fatigants, de favoriser un meilleur équilibre entre travail et vie privée, etc.
Néanmoins, il doit être intelligemment mis en place pour éviter l’isolement, la perte d’engagement, l’hyperconnexion, etc.
C’est pourquoi il faut d’abord s’assurer de fournir toutes les ressources nécessaires aux personnes qui télétravaillent (PC portable, casque pour les réunions, remboursement total ou partiel sur du mobilier de bureau, etc.). Dans le même temps, il faut faire perdurer le lien social entre les collaborateurs, par exemple en fonctionnant sur un mode hybride plutôt que du 100 % télétravail ou en proposant des moments informels qui permettent de réunir toute l’équipe.
Mentionnons également l’importance du respect du droit à la déconnexion, pour éviter la surcharge mentale.
3. Former les managers à des pratiques favorisant la QVT
Favoriser de bonnes conditions de travail fait partie du rôle des managers, et ils se trouvent d’ailleurs en première ligne pour déterminer les actions qui amélioreront considérablement le quotidien des équipes.
Pourtant, tous ne sont pas formés à la QVT : il convient de proposer aux managers des formations pour les sensibiliser sur la démarche, sur les RPS, sur la santé au travail, etc., et pour développer des compétences-clés comme l’écoute active, le soutien managérial ou encore la gestion de la charge de travail.
4. Renforcer la cohésion par des rituels collectifs
Pour améliorer la cohésion et l’ambiance au travail, les entreprises doivent aller au-delà du team buildings et autres ateliers thématiques en équipe.
Une cohésion forte et durable s’obtient par un travail quotidien, à travers des rituels d’équipe bien définis, qui doivent être engageants pour tous les participants. Citons les petites réunions quotidiennes pour faire le point sur l’avancée des missions de chacun, sur les conditions de travail, sur l’organisation, etc., ou bien des moments conviviaux hebdomadaires moins formels, comme un petit-déjeuner partagé une fois par semaine.
5. Déployer des avantages salariés adaptés aux besoins réels
Les avantages accordés aux salariés font partie intégrante de la QVCT : ils contribuent à renforcer la motivation, la fidélisation, mais aussi l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle en incitant les salariés à pratiquer des activités hors du travail.
Pour être efficaces, ils doivent répondre aux attentes réelles des collaborateurs et leur laisser suffisamment de liberté. Accès à une salle de sport, chèques vacances, titres-restaurant ou encore aides à la garde d’enfants sont autant d’exemples d’avantages qui améliorent concrètement le quotidien et participent à un environnement de travail attractif.
6. Lancer une conciergerie d’entreprise ou des services du quotidien
Afin d’alléger la charge mentale des collaborateurs, les entreprises peuvent également proposer des services pratiques : pressing, livraison, aide administrative, service de réparation et d’entretien, assistance informatique, etc.
Cet accompagnement peut aussi prendre la forme d’un budget alloué à des services du quotidien, inclus dans les avantages des salariés.
7. Créer des espaces de repos ou de déconnexion
Pour se sentir bien au travail, il faut aussi être capable de déconnecter au cours de la journée, de mettre le cerveau en pause. Cela permet de prendre soin de sa santé mentale, d’éviter certains risques professionnels liés à la fatigue et de repartir plus motivé.
Pour encourager les salariés à faire cette démarche, les entreprises peuvent créer des espaces propices à la détente : salle de sieste, zones de silence, espaces avec des appareils de relaxation et de bien-être, etc.
Ce type d’environnement propice au repos et à la déconnexion n’est pas l’apanage des startups et montre aussi ses effets bénéfiques dans les grandes entreprises. En témoigne l’espace Ré-énergie proposé chez L’Oréal, ou encore le « Calm Space » (espace pour la sieste) chez Renault.
8. Mettre en place des actions de prévention santé mentale
La santé mentale fait partie des piliers de la QVT : elle mérite un accompagnement et une prévention ciblés, pour prévenir les RPS, réduire le niveau de stress et apprendre à le gérer, etc.
Les actions dans ce sens peuvent inclure :
- des ateliers et formations de sensibilisation aux risques socioprofessionnels ;
- la mise en place de cellules d’écoute psychologique ;
9. Favoriser l’égalité professionnelle et l’inclusion
Pour répondre aux impératifs du pilier QVT qu’est l’égalité au travail, l’entreprise peut agir via des actions concrètes sur la diversité, l’équité, l’inclusion et la reconnaissance.
Côté recrutement, on peut imaginer une politique plus inclusive, avec des offres rédigées de façon neutre, une diffusion multicanale des offres pour diversifier les profils de candidats qui postulent et des critères d’évaluation objectifs et similaires pour tous les candidats lors des entretiens.
L’égalité professionnelle et l’inclusion passent aussi par une politique de rémunération juste et transparente, un ajustement des postes de travail pour les personnes en situation de handicap, des congés parentaux équitables et des horaires flexibles pour soutenir les salariés dans leurs responsabilités familiales, etc.
10. Développer les compétences et la mobilité interne
Si l’on s’intéresse enfin au pilier « compétences et parcours professionnel » de la QVT, il convient de fournir aux collaborateurs toutes les ressources nécessaires pour s’épanouir et évoluer dans leur travail.
Pour ce faire, l’entreprise peut proposer :
- de la formation continue, pour que les salariés restent à jour dans leurs connaissances et leurs compétences ;
- du coaching, pour aider les collaborateurs à identifier leurs forces, leurs axes d’amélioration, à développer des compétences-clés et pour qu’ils soient accompagnés dans leurs transitions professionnelles ;
- un plan de carrière personnalisé, qui aide chaque salarié à construire son avenir en fonction de son parcours, de ses compétences et de ses aspirations.
Structurer la QVT dans l’entreprise : de l’intention à l’accord formel
Passer d’une simple intention à un accord formalisé en matière de Qualité de Vie au Travail (QVT) permet d’ancrer durablement les engagements de l’entreprise. Un plan ou accord clair fixe des objectifs mesurables, facilite la mobilisation des équipes et garantit une meilleure cohérence des actions et de la communication autour de la démarche.
Dans cette démarche, le Comité Social et Économique (CSE) joue un rôle clé en représentant les salariés et en participant aux négociations.
Enfin, le pilotage et le suivi réguliers des mesures mises en place assurent leur efficacité dans le temps et permettent d’adapter la stratégie aux besoins évolutifs des collaborateurs.
Mesurer les résultats d’une politique QVT
Une politique QVT ne peut se résumer à un plan d’action mis en œuvre à un instant T, en espérant des résultats spectaculaires et immédiats. Elle mérite un suivi régulier, avec des indicateurs fiables et précis, afin d’évaluer si les actions mises en place sont efficaces et dans quelles mesures elles le sont. Et surtout, ce suivi doit permettre de déterminer comment améliorer la démarche QVT au fil du temps.
Parmi les indicateurs quantitatifs, on peut notamment s’appuyer sur l’évolution de l’absentéisme et du turnover, sur les accidents et les maladies professionnelles (nombre, fréquence, gravité), sur la productivité et la performance collective, etc.
Les indicateurs qualitatifs sont tout aussi importants, et incluent le climat social, l’engagement des collaborateurs, la satisfaction quant à l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle, les relations interpersonnelles, etc. Pour collecter ces données, vous pouvez utiliser des enquêtes de satisfaction, reprendre les feedbacks des salariés lors de leurs entretiens individuels, mesurer l’adhésion des salariés à certaines initiatives, etc.
Vers une culture du bien-être durable
Inscrire la QVT dans la durée suppose de dépasser les actions ponctuelles pour bâtir une véritable culture d’entreprise autour de la qualité et des conditions de travail.
Cela implique d’instaurer un dialogue permanent avec les collaborateurs, afin de rester à l’écoute de leurs besoins et de leurs attentes. Le plan d’action ne doit pas être figé : il doit évoluer régulièrement pour s’adapter aux transformations du travail et aux retours d’expérience. Cette capacité d’ajustement progressif garantit la pertinence des mesures et renforce la confiance des équipes, condition indispensable pour ancrer durablement votre démarche QVT.