Cerveau en ébullition, fatigue excessive, difficultés de concentration : et si la surcharge cognitive au travail en était la raison ? Ce phénomène est loin d’être anodin, et peut même devenir l’une des causes du burn-out s’il n’est pas pris au sérieux et traité suffisamment tôt. Il est donc important de s’intéresser de plus près à cette surcharge cognitive : de quoi s’agit-il, pourquoi survient-elle, quelles sont ses conséquences et quelles sont les stratégies pour prévenir et gérer cette problématique.
Qu’est-ce que la surcharge cognitive ?
La charge cognitive désigne l’ensemble des ressources mobilisées par le cerveau pour apprendre quelque chose de nouveau ou accomplir une tâche. Cela correspond au fonctionnement normal de notre cerveau, mais lorsque les ressources sont insuffisantes pour traiter efficacement les informations et prendre des décisions, on parle de surcharge cognitive ou surcharge mentale.
Cela survient, par exemple, lorsqu’un salarié doit gérer simultanément plusieurs dossiers urgents, retenir une grande quantité de données ou passer d’une tâche à l’autre sans interruption. Une illustration concrète pourrait être une situation dans laquelle un salarié doit dans la même matinée : finaliser un rapport pour une réunion imminente, répondre à une avalanche d’e-mails tout en étant interrompu par des messages instantanés et préparer son planning de rendez-vous des semaines à venir. Le cerveau, saturé, peine alors à traiter les informations, ce qui entraîne des erreurs et une baisse de performance, mais aussi du stress et une dégradation de la santé mentale.
Les principales causes de la surcharge cognitive au travail
Au travail, de nombreuses situations peuvent mener à une surcharge mentale : passons-les en revue pour comprendre ensuite comment agir.
Le « trop-plein » d’informations à traiter
Lorsqu’un collaborateur doit faire face à un grand nombre d’informations, le cerveau est fortement sollicité : il doit tout retenir et analyser, ce qui le mène à saturation. Il devient alors plus difficile de prendre des décisions éclairées et de rester concentré, si bien que l’on peut aboutir à un état de fatigue décisionnelle.
Ce phénomène est d’autant plus marqué dans le monde du travail actuel, du fait de l’hyperconnexion à laquelle sont confrontés les salariés. Depuis leurs appareils, ils ont la possibilité, et parfois l’obligation implicite, d’être constamment et partout en lien avec le travail et cela aggrave encore cette surcharge cognitive.
Le travail multitâche et les interruptions constantes
Le cerveau se voit également très sollicité lorsqu’il doit sans cesse alterner entre plusieurs tâches. Il peine à allouer efficacement ses ressources et doit s’adapter en continu. Par exemple, lorsqu’un salarié rédige un rapport tout en répondant aux e-mails et aux sollicitations de ses collègues, son attention est constamment fragmentée.
Chaque interruption dans le travail impose par ailleurs un effort supplémentaire pour se replonger dans la tâche initiale. Le travail est ralenti et la fatigue mentale s’installe. Or, ces interruptions fréquentes sont récurrentes dans nos environnements de travail actuels, notamment avec les open-spaces et les outils de collaboration en ligne dont les notifications incessantes viennent dissiper l’esprit.
Les exigences élevées au travail
Les délais serrés, la pression des responsabilités et la surcharge de travail sont aussi des facteurs majeurs de surcharge cognitive. Lorsqu’un salarié doit traiter un grand volume de tâches en un temps limité, son cerveau fonctionne en permanence sous tension, mobilisant toutes ses ressources pour respecter les échéances. La responsabilité accrue, notamment dans les postes décisionnels, intensifie ce phénomène : la peur de l’erreur s’ajoute au stress, rendant chaque prise de décision plus éprouvante.
Ces exigences sont d’autant plus exacerbées par un contexte économique difficile, qui accroît la pression sur les salariés en termes de performance. Sans compter que certains secteurs et métiers sont plus touchés que d’autres, comme les professionnels de santé, qui doivent jongler entre urgences médicales, gestion administrative et charge émotionnelle, les travailleurs du secteur financier, soumis à des objectifs chiffrés élevés et à une réglementation complexe, ou encore les cadres dans les métiers du numérique, constamment sollicités et exposés à un flux continu d’informations et de sollicitations.
La mauvaise gestion du temps et des tâches
Une mauvaise organisation et un manque de priorisation peuvent amplifier la surcharge cognitive. Lorsqu’un collaborateur doit jongler avec plusieurs tâches non hiérarchisées, il doit sans cesse réévaluer les urgences et risque de s’éparpiller : le cerveau est mis à rude épreuve. L’absence de planification efficace entraîne par ailleurs une accumulation de dossiers en attente, générant un sentiment d’urgence permanent, qui ne fera qu’accroître le sentiment de surcharge mentale.
Les impacts de la surcharge cognitive sur la santé mentale des salariés
La surcharge cognitive n’est pas un état à prendre à la légère : ses répercussions sur la santé mentale sont bien réelles, affectant le bien-être au travail, ainsi que la productivité et les performances.
Fatigue mentale et baisse des performances
La surcharge cognitive épuise les ressources mentales des collaborateurs et génère une fatigue à laquelle il devient difficile de faire face au quotidien. Les salariés perdent alors en vigilance, en concentration et en motivation, ce qui conduit indéniablement à une dégradation du bien-être mental. Cela a également des répercussions sur le travail, puisque les tâches habituelles deviennent plus longues à accomplir, certaines échéances ne peuvent être respectées, etc.
Augmentation du stress et de l’anxiété
La surcharge cognitive maintient l’esprit sous pression, augmentant le niveau de stress au quotidien. S’il est raisonnable et ponctuel, le stress peut avoir un effet boostant au travail. C’est d’ailleurs une réaction physiologique naturelle et indispensable chez l’humain, qui nous permet de réagir à notre environnement changeant. Mais lorsque le stress devient trop fréquent et ingérable, il affecte la santé mentale. À long terme, cette tension permanente peut même évoluer vers une anxiété chronique.
Risque accru de burn-out
Quand la fatigue mentale et le stress deviennent trop importants et chroniques, les salariés risquent l’épuisement professionnel. Avant d’atteindre ce point de rupture, ils traversent souvent plusieurs phases intermédiaires. Cela commence généralement par une baisse de concentration, une irritabilité inhabituelle ou une difficulté à se détendre même en dehors du travail. Peu à peu, la fatigue s’installe durablement, les temps de repos ne suffisent plus à récupérer, et la motivation s’érode. Certains peuvent aussi développer un sentiment d’inefficacité ou de perte de sens dans leurs missions. Si ces signaux d’alerte ne sont pas pris en compte, l’épuisement gagne du terrain.
Le cerveau n’est alors plus capable de faire face, et les symptômes du burn-out se développent : perte de motivation, désengagement vis-à-vis du travail, troubles du sommeil, détresse psychologique, etc.
Les clés pour identifier une situation de surcharge cognitive au travail
Pour agir avant que la surcharge cognitive ne devienne un danger pour le salarié, il est important d’en reconnaître les signes distinctifs :
- difficultés de concentration et problèmes de mémoire ;
- oublis et erreurs fréquents ;
- allongement des temps de traitement des tâches ;
- difficulté à se déconnecter du travail ;
- perte de motivation, etc.
Si vous percevez plusieurs de ces signes chez l’un de vos collaborateurs, il faut agir rapidement pour éviter une détérioration progressive de la santé mentale. La meilleure solution reste toutefois la prévention, avec des stratégies adaptées pour limiter les situations à risque et accompagner les salariés.
Les mesures pour prévenir et gérer la surcharge cognitive en entreprise
Besoin de conseils concrets afin mettre en pratique les bonnes stratégies de prévention face à la surcharge cognitive ? Voici quelques exemples pour vous aiguiller dans votre démarche d’amélioration de la santé mentale au travail.
Priorisation et gestion du temps
Une bonne gestion du temps et une priorisation claire des tâches sont essentielles pour éviter la surcharge cognitive. Au-delà des plannings classiques et des to-do lists, il peut être utile d’introduire des méthodes plus innovantes, comme la matrice d’Eisenhower pour hiérarchiser les urgences ou encore la technique Pomodoro pour segmenter le travail en blocs courts et efficaces. Il est en effet important de décomposer les projets complexes en étapes plus petites, facilitant leur gestion.
Mettre en place une formation thématique peut aussi être pertinent, tout comme utiliser la solution de bien-être au travail développée par teale. Elle permet, entre autres, de mettre les salariés en relation avec un thérapeute avec lequel ils traiteront de leur rapport au travail, de leur gestion du temps, etc.
Récupération cognitive via les pauses
Les pauses régulières sont cruciales pour permettre au cerveau de se reposer et de se régénérer. En instaurant des moments de déconnexion, comme des pauses de 5 à 10 minutes toutes les heures, les salariés peuvent mieux gérer leur attention et leur énergie.
Utilisation d’outils de travail adaptés
L’adoption d’outils numériques adaptés permet de simplifier les tâches complexes et de réduire la charge mentale. Des logiciels de gestion de projet, des applications de suivi des tâches ou des plateformes collaboratives peuvent automatiser certaines tâches et centraliser les informations. Cela aide les salariés à se concentrer sur les éléments clés, sans être submergés par des détails ou des interruptions. À condition bien sûr de paramétrer les notifications de sorte à ne pas être sursollicité.
Aménagement de l’environnement de travail
Un environnement de travail bien aménagé joue un rôle essentiel dans la gestion de la surcharge cognitive. Un espace calme, ergonomique et bien organisé permet de limiter les distractions et de favoriser la concentration.
Il est pertinent de mettre à disposition des bureaux fermés ou des cabines acoustiques par exemple, pour que les salariés puissent se retrouver dans un espace propice à la concentration, sans être dérangés.
Culture d’entreprise bienveillante et propice au bien-être mental
Promouvoir une culture d’entreprise centrée sur la santé mentale est indispensable pour prévenir la surcharge cognitive. On entend par là une culture de communication ouverte, où les attentes sont réalistes et où les efforts des collaborateurs sont reconnus. Mais il s’agit aussi d’instaurer un climat général où la santé mentale prime, et qui désacralise la culture du hustle (hyperproductivité). Le besoin de toujours se montrer occupé, efficace et productif amène en effet à de la surcharge cognitive.