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Apaiser la charge mentale

Identifiez, prévenez et gérez la charge mentale au sein de vos équipes.

Risques Psycho-sociaux RPS
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Créé le
May 9, 2025
• Mis à jour le
May 9, 2025
8
min

Comprendre et gérer la fatigue décisionnelle au travail

fatigue informationnelle

La fatigue décisionnelle est un phénomène insidieux qui touche de nombreux collaborateurs, souvent sans qu’ils en aient conscience. Aux prises avec un flux incessant de choix à faire et de responsabilités à assumer, le cerveau s’épuise, ce qui altère la qualité des décisions et augmente le stress. Alors, comment reconnaître cet état et en limiter l’impact sur la santé mentale des salariés ? Décryptons ensemble les mécanismes de la fatigue décisionnelle, ses conséquences et les solutions concrètes pour mieux la prévenir et la gérer.

Qu’est-ce que la fatigue décisionnelle ?

Le terme de « fatigue décisionnelle » parle pour lui-même : il s’agit d’un état d’épuisement qui survient lorsque l’on doit faire face à une accumulation de prises de décision, et du cercle vicieux qui en résulte. En effet, quand on doit prendre des décisions toutes plus importantes les unes que les autres à longueur de journée et que la charge de travail s'alourdit, il devient de plus en plus compliqué de prendre, in fine, la bonne décision. Le cerveau sature, les capacités cognitives ne fonctionnent plus à plein régime, le mental est mis à mal et les émotions peuvent déborder. Tant et si bien qu’il en devient parfois impossible de se concentrer et de choisir entre plusieurs options, et même le plus anecdotique des choix peut alors sembler insurmontable.  

C'est en fin de journée que la fatigue décisionnelle se manifeste le plus souvent : les fonctions cognitives et émotionnelles ont été ardemment sollicitées depuis le début de la matinée. Mais dans certains cas, si les temps de repos et de détente hors du travail ne sont pas suffisants et si la pression est quotidienne, cette fatigue passagère peut se transformer en épuisement professionnel durable, avec toutes les conséquences que cela engendre sur le bien-être psychologique, la santé physique, les relations professionnelles et sociales, etc.

Fatigue décisionnelle au travail : quelles en sont les causes ?

La fatigue décisionnelle découle principalement d’un cumul de facteurs professionnels qui sollicitent excessivement les capacités cognitives.  

En premier lieu, une charge de travail trop élevée oblige les salariés à prendre des décisions en continu, souvent dans l’urgence. La marge de réflexion est alors considérablement réduite. Selon une étude publiée par Workplace Intelligence en 2023, la surcharge mentale est d'ailleurs l’une des principales sources de stress au travail pour 72 % des salariés.

Les environnements stressants, où la pression des délais et les attentes élevées sont la norme, accentuent encore cette usure mentale.

De plus, le manque de pauses adéquates prive le cerveau des moments de récupération essentiels pour maintenir une prise de décision efficace. À cela s’ajoute l’hyperconnexion, qui expose constamment les collaborateurs à des flux d’informations et d’injonctions. Face à la quantité d’informations à assimiler et aux sollicitations constantes (notifications, e-mails, messagerie Instantanée, etc.), les collaborateurs peuvent vite se sentir submergés.  Résultat : la hiérarchisation et le traitement des choix à faire deviennent plus compliqués.

Il n’en faut pas plus pour créer un climat propice à l’épuisement décisionnel, dans lequel le risque d’erreurs est accrue et la qualité des prises de décisions s’amenuise au fil de la journée.

Fatigue décisionnelle : quel impact sur la santé mentale des collaborateurs ?

La fatigue décisionnelle n'est pas comparable à la fatigue habituelle, parce qu’elle ne résulte pas d’un effort physique ou d’un manque de sommeil, mais d’une surcharge mentale provoquée par un enchaînement constant de choix à faire. Certains métiers y sont donc plus exposés que d’autres, comme les postes de direction, les professions médicales, les managers, etc.  
Et cette fatigue décisionnelle n’est pas à prendre à la légère, car elle peut engendrer des troubles plus profonds qui nuisent à la santé psychique et à la performance professionnelle.

Anxiété, stress et risque de burn-out 

Une surcharge de décisions entraîne une augmentation significative du stress, qui rend chaque choix plus difficile et épuisant. À court terme, cela peut rester gérable, mais petit à petit, le stress risque de gagner du terrain. Incertitude, peur de l’erreur à cause de la perte de confiance en soi, décisions prises de plus en plus vite pour rattraper le temps perdu : le stress ne devient plus un moteur, mais un frein à l’épanouissement personnel et professionnel.  
Progressivement, ce phénomène favorise un état d’anxiété chronique. À long terme, les collaborateurs soumis à une pression décisionnelle excessive risquent l’épuisement mental : la fatigue décisionnelle peut être l’une des causes du burn-out.  

La fatigue décisionnelle peut être un frein à l'engagement et à la satisfaction. Surtout, elle peut aller jusqu'à compromettre la qualité de vie au travail, affecter négativement la santé mentale des salariés, et par conséquence augmenter le risque d'absentéisme.

La fatigue décisionnelle chez les professionnels des Ressources Humaines

Si les professionnels des Ressources Humaines jouent un rôle-clé dans le bien-être des collaborateurs, leur propre santé mentale n’est pas épargnée. Ils sont en effet particulièrement exposés à la fatigue décisionnelle, à force de jongler  en permanence entre rationalité et empathie. Ils doivent arbitrer des choix stratégiques, gérer des conflits interpersonnels et veiller au bien-être des salariés, tout en absorbant des pressions organisationnelles croissantes.

D’après le baromètre de la santé mentale des RH 2024 publié par teale, 40 % des RH se déclarent insatisfaits de leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et seulement 37 % se réveillent chaque matin en se sentant reposés et prêts à affronter la journée. Ces chiffres traduisent une charge psychologique élevée, exacerbée par la nécessité de prendre des décisions qui impactent directement les salariés et l’entreprise.

Comment prévenir et gérer la fatigue décisionnelle en entreprise ?

Une personne peut prendre jusqu’à 35 000 décisions par jour, des plus anodines aux plus importantes. Pas étonnant alors que la fatigue décisionnelle épuise notre cerveau, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se laisser submerger. Grâce à des mesures structurelles et à nos  conseils pratiques à destination des salariés et managers, il est possible de déceler les signes avant-coureurs, d’agir en prévention et de limiter les situations propices à la fatigue décisionnelle.

Identifier les signes de fatigue décisionnelle

Avant de pouvoir agir, il est essentiel de reconnaître les signaux qui témoignent d’un épuisement lié à une charge décisionnelle et cognitive excessive :

  • La procrastination et l’indécision sont des indicateurs clés : confrontés à une accumulation de choix à faire, certains salariés peuvent différer leurs décisions et se montrer incapables de faire des choix, paralysés par l’incertitude ;
  • Les erreurs fréquentes témoignent d’un manque de lucidité, qui peut provenir d’une fatigue mentale et cognitive ;
  • La baisse de la concentration peut être le signe d’un brouillard mental causé par un trop grand nombre de décisions à prendre ;
  • Le stress grandissant, qui se transforme parfois en anxiété chronique, est un autre symptôme de la surcharge de travail et d’une situation de fatigue décisionnelle ;
  • La frustration et l’insatisfaction peuvent quant à elles survenir lorsque l’on ne s’estime plus capable de prendre des décisions efficaces ou lorsque l’on prend conscience des impacts négatifs de telle ou telle décision.

Tous ces signes doivent alerter sur la fatigue décisionnelle. Un bon indicateur pour l’identifier est de s’interroger sur sa propre capacité à choisir et à trancher. Si chaque décision, même mineure, devient une source d’angoisse ou d’hésitation excessive, cela peut signaler un épuisement décisionnel.

De même, en observant ses collaborateurs, il est possible de repérer des signaux évocateurs : une tendance accrue à repousser les choix, une démotivation au travail, une montée en stress face aux responsabilités ou encore une perte de confiance dans leurs décisions.

Apprendre à gérer le temps et les priorités

L’organisation du travail joue un rôle clé dans la prévention de la fatigue décisionnelle. Il est essentiel de structurer ses journées avec des routines claires et de petites habitudes, qui vont limiter la dispersion et réduire le nombre de décisions à prendre au quotidien.

L’établissement de priorités précises permet également de mieux canaliser son énergie mentale en évitant de s’éparpiller sur des tâches secondaires. Cela passe par un agenda bien détaillé, ainsi que la division de tâches en micro-tâches, que l'on prévoir de réaliser tel jour, sur un temps donné.

Par ailleurs, la délégation est une solution efficace : partager certaines responsabilités allège la charge cognitive et favorise un meilleur équilibre au sein des équipes. Cela est d’autant plus vrai pour les managers et les middle managers, qui doivent jongler entre leurs missions opérationnelles, leur rôle de management et les attentes de la direction.

Par ailleurs, pour prévenir la fatigue décisionnelle, chaque collaborateur peut développer ses propres compétences en demandant l’accès à des formations en gestion du temps et en priorisation des tâches.

Offrir des conditions de travail favorables et imposer des temps de repos

Les pauses régulières ne sont pas un luxe, mais une nécessité pour lutter contre la fatigue décisionnelle. S’accorder des moments de déconnexion permet au cerveau de "respirer" et de recharger ses capacités cognitives.  

Pourtant, il ne revient pas uniquement aux salariés de s’octroyer ces temps de repos : l’entreprise elle-même a un rôle à jouer en créant une culture favorisant la récupération. Mettre à disposition des espaces dédiés à la détente, encourager des pauses loin des écrans ou organiser des temps de respiration dans l’agenda collectif sont autant d’initiatives bénéfiques. L’enjeu est de sortir de l’engrenage de la productivité constante, en instaurant un environnement propice au bien-être, où les collaborateurs peuvent prendre du recul sans culpabilité et ainsi maintenir une meilleure qualité de prise de décision.

Comment passer à l'action ?

Pour aider les entreprises et collaborateurs à appliquer les conseils précédemment évoqués, mais aussi pour aller plus loin dans le bien-être des salariés, teale accompagne les organisations à travers plusieurs solutions efficaces.

La solution de santé mentale au travail teale, sous forme d’application, est l’un des outils à instaurer pour accompagner les salariés qui sont soumis à la fatigue décisionnelle, ou qui sont à risque. Des contenus thématiques sont proposés, avec un programme « Décision » spécifiquement dédié aux problématiques de la fatigue décisionnelle. L’idée est ici d’aider les salariés à prendre des décisions sereinement en travaillant des points-clés tels que la gestion du stress, la confiance en soi, la peur des regrets, les facteurs qui impactent la prise de décision, etc. Il s’agit donc d’une méthode complète, qui offre des outils concrets pour le bien-être des collaborateurs.

Face à l’impact de la fatigue décisionnelle sur le bien-être mental des collaborateurs, teale propose aussi des accompagnements personnalisés avec des thérapeutes. Aux côtés d’un psychologue ou d’un spécialiste du développement personnel, chaque personne qui le souhaite se voit offrir les clés pour mieux gérer la surabondance d'informations et de décisions à laquelle elle est confrontée.